
Brasilia…
Assez méconnue, parfois oubliée, souvent confondue avec l’indétrônable Rio de Janeiro que l’on prend fréquemment pour la capitale, Brasilia n’est pas une ville qui se visite. En tout cas, pas de façon traditionnelle. On m’avait prévenue. Je vous préviens. A vous de voir.
Pour ma part, je tenais à y aller. Je suis assez fan des capitales. J’ai souvent pensé qu’elles représentaient bien la culture et les habitants d’un pays. Erreur de ma part. Grossière erreur. Que dis-je, abomination. Brasilia ne représente absolument PAS le Brésil.
Cette ville, minutieusement réfléchie – aussi bien au niveau de l’emplacement géographique que de l’agencement interne- n’a été inaugurée qu’en 1960 Pourtant, en 1823, un an après l’indépendance du pays , l’idée était déjà bel et bien présente.
Le but était de délocaliser les activités vers le centre du pays, loin de la côte où tout se passait jusqu’alors.
Suite à un concours d’idées auquel participèrent 26 candidats, le « Plan Pilote » fut sélectionné. Ce plan répartit la ville suivant une forme d’avion. Dans l’axe rectiligne, sont intégrés les bâtiments administratifs et politiques avec notamment les ministères, la « Praça dos três poderes » (place des Trois-Pouvoirs). Pour ce qui est des quartiers d’habitation, ils se répartissent dans l’axe courbe.
Dit comme cela, ça semble assez étrange, mais c’est plutôt bien pensé, je trouve. Et puis surtout, c’est original.
A l’intérieur des « axes » la répartition est encore plus drastique. Les différentes activités sont réparties pas secteur. L’industrie, absolument tout ce qui a trait à l’industrie, dans un secteur, les médias dans un autre, ainsi de suite. Et les « quadras », zones résidentielles de forme carrées, achèvent l’ordre établi.
Celui qui a mis tout cela en place, et bien d’autres choses encore, c’est Oscar Niemeyer, dont je vous parlais déjà ici. A la tête de la compagnie en charge des travaux, il a fait de Brasilia sa toile et y a laissé son empreinte comme personne d’autre.
Le théâtre aux courbes indescriptibles, c’est lui, la cathédrale Métropolitaine, c’est encore lui. L’Esplanade des Ministères, c’est encore et toujours lui. Le Palacio da Alvorada? Vous l’aurez deviné, c’est bien Oscar Niemeyer.
Et pourtant… Il avait encore des projets en réserve. Comme le nouvel aéroport, par exemple. Mais le coup d’état de 1964 entraînera la fin de la majeure partie de son travail . En revanche, la France, l’Italie et l’Algérie se l’arracheront.
Revenons à des considérations plus pratiques:
Brasilia c’est en plein centredu pays.
Il y fait CHAUD. Et sec. Le soleil tape. Et il faut marcher des distances incroyables.
Ce n’est pas une ville pensée à l’échelle humaine. Et les « vrais » quartiers sont difficiles d’accès. On vient à Brasilia faire sa petite photo sur la Place des 3 Pouvoirs, et on s’en va. C’est à peu près l’idée.
Malgré cela, si vous voulez vraiment jouer au téméraire, marcher dans cette ville et vous faire votre propre idée, voilà ce qui vous attend: (J’ai testé pour vous )
– Des boulevards à perte de vue et des chaussées à 2 fois 4 voies, impossibles à traverser
– Des pseudos trottoirs à peine plus larges que l’écran de mon smartphone, inutilisales donc.
– Une chaleur écrasante. Et c’est un euphémisme.
Mais ce n’est pas tout. Si la faim vous tenaille et si vous y tenez, vous pourrez manger un bout au centre commercial du coin. Oui, au centre commercial, car nous avons cherché le « quartier des restaurants » et ne l’avons tout simplement pas trouvé. D’ailleurs, existe t-il vraiment, ce quartier?
Quoiqu’il en soit, peu importe ce que vous mangerez, cela vous coûtera beaucoup plus cher que partout ailleurs au Brésil. J’exagère ? Peut-être. Un peu.
Enfin… Ce n’est pas non plus l’enfer. C’est juste que dans cette ville, pour le moins spéciale, on ne se sent pas les bienvenus. C’est froid, impersonnel, sans cachet.
Pour être tout à fait honnête, je trouve que lorsqu’on y est, on se sent un peu comme dans un film de science – fiction. Je n’arrive pas vraiment à le décrire mais j’avais l’impression d’être une miniature au centre d’une immensité. L’espace, ce n’est effectivement pas ce qui manque là-bas.
Pour conclure, et je sais qu’à ce stade vous vous dites que ça ne vaut pas le coup de s’y rendre. Eh bien, j’estime que si on est dans les parages (il faut l’avoir voulu quand même, étant donné le manque d’activités aux alentours), pourquoi pas? Mais si on se trouve à l’autre de bout du Brésil, ce n’est pas forcément la peine d’effectuer le déplacement.
Brasilia, c’est pour moi l’image que le Brésil a voulu se donner à un certain moment, celle d’un pays organisé, carré et structuré, comme sa capitale. Est ce vraiment réussi?