A l’heure où certains parlent d’ériger un mur pour séparer des territoires, j’ai trouvé opportun de faire un article sur mon récent voyage en Allemagne, centré sur le mur de Berlin.

Commençons par dire qu’à l’époque, lorsque le mur est construit, personne ne pense que les choses prendront une telle tournure. Personne n’imagine que le mur sera présent pendant presque 30 années, ni que la fracture sera aussi grande. Il est donc important de ne pas négliger les décisions prises aujourd’hui car nul ne sait quel sera leur impact.

En 1947, après la Seconde Guerre mondiale, Berlin est divisée en 4 zones d’occupation. A l’Est, la ville est occupée par les soviétiques et fait partie intégrante de la République démocratique allemande (RDA).

A l’Ouest, les occupations américaines, britanniques et françaises, qui se rattacheront à la République Fédérale Allemande (RFA) en 1949. Grâce à l’aide américaine le niveau de vie y est plus élevé qu’en RDA. Attirés par les conditions de vie, les personnes qualifiées émigrent massivement vers la RFA. Parmi eux, de nombreux jeunes. Au total, environ 3 millions d’hommes et de femmes partent de Berlin Est pour Berlin Ouest de 1949 à 1961.

Pour mettre fin à cet exode, le gouvernement de la RDA décide de fermer les points de passages. Ainsi, dans la nuit du 12 au 13 août 1961, près de 15.000 membres des forces armées bloquent les rues et les moyens de transport entre les deux Berlin. Cette même nuit, une partie du mur est construit. Les semaines et les mois suivants, le mur s’allonge de plus belle jusqu’à atteindre 155 km de long.

Pendant presque 30 ans, le mur de Berlin a été surveillé, de jour comme de nuit par des gardes armés de l’Allemagne de l’Est pour éviter l’exode vers la RFA. Et gare à ceux qui tentaient de s’échapper: plusieurs centaines de personnes ont été tuées en essayant.

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Le mur de Berlin, j’en avais bien sûr entendu parler. Dans les films, les documentaires, dans mes cours d’Histoire et j’en étais sûre: je savais quelle abomination elle représentait.

Mais c’est en allant à Berlin que j’ai véritablement compris et mesuré l’ampleur des dégâts:

  • D’abord, en voyant et en touchant le(s) mur(s), car en réalité il n’y avait pas UN mais DEUX murs de Berlin. Entre eux, des miradors permettaient une meilleure surveillance, de jour comme de nuit.

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  • Puis en regardant les témoignages, les lettres, les images présentés au « Mémorial du Mur ».

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En quittant le mémorial, on pense qu’on a terminé de parler « du mur ». Mais non. Il fait partie intégrante de la vie berlinoise.

Très souvent , on se réfère aux lieux comme étant « à l’est ou à l’ouest « , sous-entendus « à l’Est: l’Ouest du mur ». Lorsque l’on demande son chemin, on nous l’indique en disant par exemple « Après Charlie checkpoint, tournez à droite… ». Lorsqu’on sait que Charlie checkpoint était un lieu de contrôle pour ceux qui voulaient aller de la RFA vers la RDA, cela peut sembler étrange.

Je vous l’ai dit (ici), nous n’avons pas eu la chance de discuter avec beaucoup de berlinois. Mais lorsque nous étions devant le Reichtag, nous avons fait la connaissance d’un monsieur qui, après avoir proposé de nous prendre en photo, nous a raconté l’histoire de sa famille, séparée durant 3 décennies par LE mur. Il nous a expliqué que sa grand-mère venait de l’Est et qu’au sein de sa famille, le mur avait, aujourd’hui encore une place importante. Il nous expliquait également que les gens ne savaient plus très bien comment se comporter depuis la chute du mur et qu’aujourd’hui en Allemagne, la liberté était très importante. Nous avons discuté un bon quart d’heure et il reparti, sur son vélo.

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Quand on y pense, cela ne fait même pas 30 ans que la chute du mur a eu lieu. Il est évident que les séquelles sont encore nombreuses. Les touristes qui viennent visiter Berlin ne peuvent faire abstraction de cette partie de l’Histoire. Comment les Allemands, les berlinois, vivent-ils cette perception que nous, étrangers, visiteurs, pouvons avoir d’eux ou de leurs aïeux ?

J’apprécie l’effort qui est fait par le gouvernement pour informer le peuple et les étrangers des erreurs passées mais aussi pour « dédramatiser » le mur. Partout où il reste des bouts de mur, il y a des tags, des œuvres d’art, des choses qui font de ces vilains bouts de murs, quelque chose de plus beau et plus humain. L’un des plus célèbres tronçons de mur est la « East side Gallery », où des artistes du monde entier ont exprimé leur talent.

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Le mur de Berlin, que l’on appelle parfois le mur de la honte porte très bien son nom. Car c’est effectivement une honte d’avoir à ce point priver les gens de liberté, d’avoir mis des limites entre des familles, des amis, des compatriotes. Mais ma question est: qui porte la honte de ce mur, aujourd’hui ? La leçon a-telle été bien apprise par ceux qui veulent aujourd’hui encore employer de telles méthodes ?

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